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Mercredi 22 mai 2024

Le prix des vignes déprime à Bordeaux, déchante dans le Rhône, dégrise à Cognac, défie en Bourgogne?


De la déconsommation à la dévalorisation des vignes : deux salles, deux ambiances pour les ventes viticoles en France, selon que l?appellation ait la côte ou non des marchés d?après les dernières données de la SAFER.

Le prix des vignes déprime à Bordeaux, déchante dans le Rhône, dégrise à Cognac, défie en Bourgogne…

En 2023, la Fédération Nationale des Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural (FNSAFER) a recensé 8 770 transactions de vignobles pour une surface de 16 000 hectares et un chiffre d’affaires de 1,2 milliard €. Soit une chute de 8 % du nombre transaction par rapport à 2022, une baisse de 13 % des surfaces en un an, mais une croissance de 16 % de la valeur. Ces dynamiques s’expliquent par un marché du foncier viticole à plusieurs vitesses (voir infographies ci-dessous). Derrière la progression moyenne de 1,5 % du prix des vignes AOP en 2023*, pour s’élever à 153 500 euros/ha, se cachent des bonds (+19 % en Saumur, + 17 % en appellations Saint-Joseph, Côtes du Jura ou L’Étoile…) et des chutes (comme les Côtes du Rhône dans le Gard ou la Drôme). Globalement, le moteur semble grippé pour de nombreuses AOP de Bordeaux et de la vallée du Rhône où la crise des vins rouges pèse de plus en plus.

Les vignes de Bordeaux générique rouge sont passées en dessous des 10 000 €/ha

« Il y a différentes dynamiques, assez simples à retenir : toute la moitié nord de la France où le prix progresse à l’échelle des bassins et un grand quart Sud-Ouest et Languedoc-Roussillon où les prix diminuent à l’échelle des bassins » note en conférence de presse ce 22 mai Loïc Jégouzo, adjoint au directeur du service études de la FNSAFER, qui précise que « la crise du vin rouge s’intensifie en Gironde. Les vignes de Bordeaux générique rouge sont passées en dessous de la barre des 10 000 €/ha. C’est un prix qui a diminué de 45 % en 5 ans. On voit une différenciation avec le Bordeaux générique blanc qui progresse. »

Dans le détail, « la crise viticole touchait jusqu’alors principalement les Bordeaux et les Côtes de Bordeaux, elle concerne désormais les vignes du Médoc (-29 % en Médoc et -17 % en Haut-Médoc), les satellites de Saint-Émilion (- 6 %) et même le Pessac-Léognan commence à être impacté (- 10 %) » analyse le rapport de la SAFER, pointant que les prestigieuses appellations communales (Pauillac, Pomerol, Saint-Julien, Margaux) sont « stables, ne contrebalançant pas cette baisse ». Dans le cercle français fermé des appellations prestigieuses, « seules les appellations côte d’oriennes poursuivent leur ascension » (+ 13 % sur les premiers crus blancs).

Disparités

Très sensible aux tendances de marché, le foncier viticole reste valorisé mais devient frileux en Champagne (avec une baisse des cessions dans la Marne, en écho au repli des ventes de vins effervescents champenois) et tousse à Cognac (prix en chute de 6 %, la précédente baisse datant de 2001 : -1,1 %, en réponse aux chutes des commercialisations aux États-Unis et en Chine). Le marché des vignes est également dépendant de l’adaptation au changement climatique. En témoigne la tendance « en Alsace-Est : la hausse de 4,1 % masque des disparités aussi bien entre les deux départements, qu’entre les parcelles, les plus recherchées étant celles classées en grand cru, plantées en pinot noir, ou résistantes à la sécheresse » note la SAFER.

 

* : Le prix des vignes AOP hors Champagne s’élève à 82 200 €/ha, celui des vignes à eaux-de-vie à 56 600 €/ha et des vignes hors AOP à 15 000 €/ha.